Mark Rober a proposé à des adultes d’apprendre à coder. Le but était de faire sortir une voiture d’un labyrinthe. Quand ils pensaient que le code créé était bon, ils cliquaient sur « démarrer » et la voiture avançait dans le labyrinthe.
50 000 personnes ont essayé de relever ce challenge.
Ils ont à l’insu des participants, proposé 2 versions différentes : dans la première version, s’ils échouaient, ils ne perdaient pas de points. Ils conservaient leurs 200 points de départ. Un message s’affichait : « cela n’a pas marché, essaie encore ».
Dans la 2ème version, le message suivant s’affichait : « Cela n’a pas marché. Vous avez perdu 5 points. Vous avez maintenant 195 points. Essaie encore. »
C’était la seule différence entre les deux versions.
Ils perdaient 5 points. Des points sans valeur, qui ne veulent rien dire dans la vrai vie.
Analysons les résultats de cette expérience.
Le groupe qui perdait des points a eu un taux de succès de 52% contre 68% pour le premier groupe qui n’avait pas de pénalité.
Le groupe qui perdait des points a essayé 5 fois contre 12 tentatives pour le groupe non pénalisé.
Ceux qui ne voyaient pas l’échec d’un point de vue négatif ont tenté 2 fois et demi de plus que le groupe pénalisé.
Et forcément, ils ont eu plus de succès et ont plus appris.
Voyez-vous où je veux en venir ?
À l’école, l’erreur est sanctionnée par des points en moins. Les enseignants utilisent un stylo rouge pour barrer les erreurs.
Si un enfant rate une évaluation, a t-il la possibilité de réessayer une deuxième fois ? Non.
Et on se demande pourquoi la motivation des enfants chute d’année en année alors que leur enthousiasme pour apprendre débordait durant la petite enfance.
Se tromper, c’est déjà apprendre. Les deux termes sont synonymes car chaque erreur est une opportunité d’apprentissage.
En effet, il est pratiquement impossible de progresser si l’on ne commence pas par échouer, à condition de recevoir un signal de feed-back, une rétroaction qui nous indique la bonne voie.
Le retour sur erreur est donc un des paramètres éducatifs les plus influents : la qualité et la précision du retour que nous recevons déterminent la rapidité avec laquelle nous apprenons.
Le principe est simple : il faut essayer, quitte à échouer, car la taille et la direction de l’erreur indiquent comment se corriger.
Le cerveau n’apprend que s’il perçoit un décalage entre ce qu’il prédit et ce qu’il perçoit. Aucun apprentissage n’est possible en l’absence d’un signal d’erreur. Autrement dit, la surprise est l’un des moteurs fondamentaux de l’apprentissage.
Ce qui compte pour apprendre, c’est la surprise, c’est-à-dire le décalage entre la prédiction et la réalité. C’est cela qu’on appelle un signal d’erreur.
Pour palier à ce problème, lorsque j’ai créé Jeu MémoriZe pour permettre aux enfants de maîtriser la conjugaison, j’ai fait en sorte que le retour sur erreur soit immédiat et neutre.
Je viens de recevoir deux témoignages de parents qui me disent que leurs enfants n’osent pas suivre la progression conseillée (par pronom et pas par temps).
« Il travaille volontiers sur Jeu MémoriZe par contre, il ne veut travailler que le présent car il n’a pas encore vu les autres temps et il me dit vouloir attendre de les travailler à l’école. »
« Elle paniquait un peu car il y a des temps qu’elle n’a pas encore vu. »
Ces deux témoignages prouvent que ces enfants ont peur de se tromper. Ils voient l’erreur comme quelque chose de négatif.
Comment les aider à comprendre que c’est super de faire des erreurs, qu’ils peuvent essayer autant de fois qu’ils le souhaitent et qu’ils vont progresser ?
Cet article s’adresse aussi bien aux parents qui utilisent Jeu MémoriZe à la maison qu’aux professeurs des écoles.
Travaillons ensemble pour permettre aux enfants d’apprendre dans les meilleures conditions.
Prédire, détecter son erreur, se corriger sont les fondements mêmes d’un apprentissage réussi.
L’apprenant doit être engagé, hasarder une réponse, générer activement une hypothèse, même si elle est incertaine. Ensuite, il faut qu’il reçoive une information objective, non punitive, qui lui permette de se corriger.
La stratégie qui répond à tous ces critères, c’est un test.
Des dizaines de publication scientifiques démontrent son efficacité : le fait de tester régulièrement ses connaissances est l’une des stratégies les plus efficaces.
Se tester régulièrement maximise l’apprentissage à long terme.
Mais des tests sans notes, sans jugement : un retour sur erreur immédiat et neutre.