#72 Maria Montessori ou celle dont on ne doit pas prononcer le nom dans l’éducation nationale

Avez-vous lu Harry Potter ?  

Il y a un personnage mystérieux dans le tome 1 d’Harry Potter qui fait peur aux jeunes sorciers. Au lieu de l’appeler par son nom, ils l’appellent : celui dont on ne doit pas prononcer le nom. 

Et quand Harry oublie et commence à dire : vold…, ses amis tremblent. 

Quel est le rapport avec Maria Montessori ? 

Selon l’école dans laquelle vous travaillez et selon les collègues avec qui vous travaillez, vous allez pouvoir prononcer son nom ou pas. 

1er cas de figure : vous avez l’étiquette Montessori sur le front et vos collègues ont une connaissance précise et juste des travaux de Maria Montessori

2ème cas de figure : vous avez l’étiquette Montessori sur le front et vos collègues pensent savoir qui était Maria Montessori mais sont remplis de fausses croyances. 

3ème cas de figure : Vous n’avez pas l’étiquette Montessori sur le front et vous allez travailler en Montessori mais sans prononcer son nom. 

Prenons-le temps de parler de chaque cas de figure. 

J’allais oublier le 4ème !

4ème cas de figure : vous êtes convaincu que vous pouvez changer le monde par l’éducation, vous publiez plein de podcast et d’articles sur Facebook mais on vous répond que Montessori, c’est has been. 

1er cas de figure : 

Vous avez l’étiquette Montessori sur le front et vos collègues ont une connaissance précise et juste des travaux de Maria Montessori. 

Vous arrivez dans une nouvelle école avec votre matériel sous le bras (ou plutôt votre coffre rempli à ras bord). 

Vos collègues ont lu les livres de Maria Montessori et n’attendaient plus que vous pour oser se lancer.

Elles avaient pris conscience que des relations empathiques, soutenantes et aimantes sont LA condition nécessaire pour le développement optimal du cerveau de chaque enfant. 

Fini les « Ce n’est pas possible d’être aussi lente ! » et les « Fallait le dire que tu venais à l’école que pour dessiner. »

Au mois de juillet, vos collègues vont se former pour avoir une vision globale de la pédagogie Montessori. 

À la rentrée de septembre, les récréations seront en fin de demi-journée pour ne plus interrompre les enfants, les classes seront multi-âge, vous allez ensemble soigner l’environnement de chaque classe et vous avancerez dans votre transition éducative avec des moments de doute, des difficultés mais aussi de grandes joies. 

« Céline, je veux trop apprendre à lire! »

2ème cas de figure : 

Vous avez l’étiquette Montessori sur le front et vos collègues pensent savoir qui était Maria Montessori mais sont remplis de fausses croyances.

Vous arrivez dans une nouvelle école, débordante d’énergie. Vous prenez sur vous pour vous freinez car vous savez que votre enthousiasme débordant peut faire peur. 

Vous invitez votre collègue début juillet à aller échanger avec d’autres collègues déjà lancées pour qu’elle se rende compte que c’est possible et qu’elle prenne conscience de tous les bénéfices pour les enfants (et pour les adultes). 

Comme vous partagez la classe avec votre collègue, vous marchez sur des oeufs pour apporter des changements mais les incompréhensions s’accumulent. 

Vous arrivez un matin et la frise numérique est recouverte par un personnage coloré décoré par les enfants. On peut compter jusqu’à 56 puis de nouveau à partir de 70. 

Le scotch au sol pour l’ellipse a été enlevé. 

On vous reproche de consoler deux enfants qui pleurent.

Chaque semaine, vous allez travailler en laissant à la maison votre coeur, vos convictions pour rentrer dans le moule et qu’on vous laisse tranquille. 

Et quand vous dîtes à la fin de l’année que cette année vous laisse un goût amer mais qu’au moins vous êtes fière de votre travail avec les enfants malgré les contraintes imposées, on vous reproche d’avoir favoriser les enfants qui travaillaient bien et d’avoir délaissé les autres. 

Alors que faire pour ne pas vivre dans l’incompréhension et profiter de votre liberté pédagogique ? 

Si vous êtes formés et que vous souhaitez avancer dans votre transition éducative, votre liberté pédagogique vous autorise à mettre en place les piliers de la pédagogie Montessori dans votre classe. 

Première chose: les programmes sont un minimum à atteindre, on ne peut pas vous reprocher d’avoir des enfants lecteurs en GS. 

Dans la réalité, on peut vous le reprocher, je vais vous donner un conseil pour éviter cela. 

Vos choix auront des conséquences sur l’école même si vous ne partagez pas votre classe. Vous aurez envie de sortir en récréation en fin de matinée et en fin d’après-midi, un élève se déplacera seul pour aller aux toilettes, votre classe ne ressemblera plus à une classe traditionnelle…

Juger fait parti de notre quotidien. Et quand on ne connaît pas quelque chose, le premier réflexe est souvent de le rejeter. 

Vos collègues se diront sûrement : ça fait 20 ans que je travaille avec mes méthodes, pourquoi je changerais aujourd’hui ? 

Pour éviter toutes ces incompréhensions et d’éventuelles difficultés dans la communication qui pourraient s’accumuler en cours d’année, je vous invite plutôt à prévoir une réunion en début d’année avec vos collègues et votre directeur ou directrice pour répondre à leurs questions, pour les rassurer, pour les informer.  

Préparez vos réponses pour qu’elles soient claires, succinctes et percutantes. 

Montrez-leur votre enthousiasme et montrez-leur que vous croyez en chaque enfant. 

Elles vous suivront ou pas mais le premier objectif est qu’on respecte vos choix et si votre besoin de respect est nourri, il y a de fortes chances pour que vous vous sentiez bien. 

Prenez du temps pour communiquer avec votre aide-maternelle si vous êtes en maternelle. Si elle ne comprend pas vos choix, vos relations risquent d’être compliqués  et cela aura un impact sur la classe. 

Son changement de posture s’anticipe, se prépare et vous pourrez faire le point régulièrement pour adapter. 

3ème cas de figure : 

Vous n’avez pas l’étiquette Montessori sur le front et vous allez travailler en Montessori mais sans prononcer son nom.

C’est une stratégie plus prudente si vous ne savez pas comment se positionne vos collègues mais qui ne me convient pas personnellement car je pars du principe qu’il faut rendre à César ce qui appartient à César. 

J’aimerais tellement pouvoir remercier Maria Montessori d’avoir consacré toute sa vie à comprendre les besoins de l’enfant.  

Je connais des collègues qui ont fait ce choix. Elles parlent de multi-âge, de période ininterrompue de travail, de libre-choix, de matériel concret, etc… 

« Pour vivre heureux, vivons cachés » est un proverbe qu’elles ont choisi d’appliquer. 

Il y a certainement des avantages, surtout quand on croise des personnes remplis de fausses croyances fermés à la communication. 

C’est un choix que je respecte et je ne pouvais pas le citer. 

Voldemort est un sorcier maléfique alors que Maria Montessori était engagée pour bâtir un monde nouveau et construire la paix. 

N’allez pas dire que j’ai comparé Voldemort à Maria Montessori. Le seul point commun, c’est le fait que parfois on n’ose pas prononcer son nom de peur d’être mal compris. 

Mais on devrait être fier de prononcer son nom. 

Ah, j’allais oublier le 4ème cas de figure. 

Vous êtes convaincu que vous pouvez changer le monde par l’éducation, vous publiez plein de podcast et d’articles sur Facebook mais on vous répond que Montessori, c’est has been. 

J’aurais envie de vous dire d’arrêter de perdre du temps sur Facebook pour éviter d’avoir à lire ce genre de commentaires. Mais comme c’est un outil efficace pour semer des petites graines, ignorez juste ces commentaires. 

Ne perdons pas de temps avec ces gens là, ils n’en valent pas la peine. Travaillons de concert avec nos collègues. 

Petite info avant de se quitter, la session de formation du mois de juillet est complète mais il reste quelques places au mois d’août, du 16 au 20. 

Si vous souhaitez vous former pour gagner en confiance et en compétence et oser expliquer à vos collègues vos choix et répondre à leurs inquiétudes, je serai ravie de vous accompagner.  

Vous pouvez me contacter par mail ou par téléphone. J’échange toujours de vive voix avec chacun d’entre vous. 

À vendredi prochain.