Olivier Roland a fait une vidéo il y a quelques jours sur les 10 réformes pour l’éducation s’il était ministre de l’éducation nationale. J’avoue que je lui ai “piqué” l’idée. Mais nos vidéos sont différentes. Je vous laisse en juger par vous-mêmes.

J’espère que vous partagerez vos réactions dans les commentaires.

L’école entrave le développement de la coopération et encourage le harcèlement. La ségrégation en classes d’âge et le manque d’occasions de jouer librement s’ajoutent aux facteurs qui empêchent la coopération, l’empathie et la capacité de prendre soin des autres de se développer.

L’adulte contrôle, de manière verticale, tout un groupe d’enfants. Les enfants souffrent de ne pas être libres et les adultes souffrent de les contraindre.
Les enfants ne sont pas libres de se consacrer à leurs propres centres d’intérêts ni de les approfondir à leur guise. L’école fait obstacle à la curiosité, à l’esprit ludique et aux conversations intéressantes parce que tout cela exige de la liberté. Elle sape le désir d’apprendre intrinsèque des enfants en transformant les apprentissages en travail.

L’erreur est considérée comme une faute. Elle est sanctionné dès la maternelle par des bonhommes rouges qui font la tête, puis par des notes et des jugements. En sanctionnant l’erreur, on bloque le processus même d’apprentissage.
Les enfants sont soumis à une évaluation plus ou moins permanente et le souci d’être à la hauteur de cette évaluation et des attentes du prof cour-circuite et réduit à néant la possibilité de développer de véritables centres d’intérêts. Quand on évalue les élèves du point de vue de leurs apprentissages et qu’on les compare entre eux, apprendre devient une source d’anxiété. En jugeant les élèves, l’école fait naître la honte, l’orgueil, le cynisme et encourage la tricherie.
L’école inhibe l’esprit critique.

Prenons l’exemple de l’apprentissage de la lecture au CP. Pas avant, ni après. Non, au CP. On n’apprend pas à lire à un enfant en lui donnant le son des lettres et en le poussant à décoder systématiquement, par un apprentissage hyper structuré, des suites de syllabe sans aucun sens sur un manuel scolaire, en ne laissant aucune place à l’exploration active, à l’enthousiasme ni à la découverte.

Les enseignants ne sont pas entièrement responsables. On les formate et on ne leur apprend pas à faire autrement.

Notre système n’a pas juste besoin d’être amélioré mais complètement restructuré. Tiens, et si j’étais ministre de l’éducation nationale?

Je laisserais les enfants jouer dans la nature, s’occuper d’animaux, entretenir leur environnement, faire des plantations. Ils ont besoin de se reconnecter à la nature, de prendre soin d’un potager et faire pousser des brocolis, des courgettes et des tomates pour ensuite les manger. En profitant de la nature, ils vivront les saisons : les fleurs, les fruits, les feuilles. Le cerveau humain comprend ce qu’il vit.
Je ne prévoirais pas de séance de motricité dans une salle. Il suffit de les laisser grimper aux arbres, se promener dans la nature et jouer librement. Ils seront agiles, développeront leur équilibre et ils sauront prendre des risques mesurés.
Quand les enfants n’ont pas tous le même âge, ils accroissent leurs aptitudes à coopérer et à s’entraider lors des jeux sociaux qu’ils dirigent eux-mêmes et qu’ils choisissent librement. Ils y apprennent à résoudre leurs conflits et à prendre en compte les besoins des autres afin que le jeu puisse continuer. Le jeu entre enfants d’âge différents est très précieux. Nous sommes fait par nature pour coopérer.

Quand une trentaine d’enfants d’âges mélangés partagent le même espace, ils se guident les uns les autres dans leur exploration du monde. Ils bénéficient toute la journée des enseignements informels des uns et des autres. Un seul adulte ne pourrait pas réaliser autant d’étayage individualisés et de retours d’informations.
Les petits observent les plus grands, apprennent en les observant, ils les imitent et ils peuvent se projeter pour voir de quoi ils seront capables un jour.
Les plus grands consolident leurs acquis en aidant les plus jeunes, ils développent des compétences comme le contrôle de soi, la mémoire et la planification et ils développent d’autres compétences comme l’entraide, l’empathie, la patience, la coopération…
On rend aux enfants leur pleine autonomie.

Je préparerais un environnement ordonné avec des activités culturelles attrayantes et ambitieuses pour créer les conditions propices à l’apprentissage et à l’épanouissement . Je proposerais à chaque enfant le bon niveau de difficulté et je pourrais suivre les progrès de chacun. Grâce à cet étayage individuel, l’enfant peut développer confiance et estime de soi. Je leur laisserais le droit d’observer les autres et le droit de ne rien faire. Quand on prend le temps de ne rien faire, notre cerveau continue d’être actif. Il a besoin de temps de repos pour remettre de l’ordre. Ces temps sont bénéfiques autant que le sommeil.
Quand un enfant est submergé par une émotion, quand il vit une tempête émotionnelle, il a besoin d’un adulte pour le rassurer, le consoler et l’aider à identifier l’émotion qu’il ressent (colère, tristesse, frustration, peur…).
Grâce à cette posture bienveillante, je serais un guide qui assiste l’enfant dans son travail de création. Il pourra apprendre à conquérir son indépendance.

L’erreur doit être neutre. Elle est indispensable pour apprendre. C’est juste un retour d’informations. Et chaque erreur génère un sentiment de curiosité, un élan et de l’enthousiasme. La dopamine que l’enfant sécrète le pousse à réduire la différence entre ce qu’il sait et ce qu’il ne sait pas. Et plus il y a de curiosité, plus la mémoire est active et plus les performances d’apprentissages augmentent.
Quand l’enfant est actif et engagé, il fait des prédictions, il réajuste si besoin et il apprend. Avec du matériel qui permet le contrôle de l’erreur immédiat, pas besoin d’un adulte qui corrige et l’apprentissage est extrêmement rapide. Les enfants doivent vivre ces expériences eux-mêmes. Écouter un adulte parler, ça ne fonctionne pas.

Les enfants sont naturellement curieux et joueurs. Les 4-5 premières années, ils s’approprient des tonnes d’informations et de compétences sans aucune forme d’instruction. Ils apprennent à marcher et à parler en nous observant, en étant exposé au langage et en vivant ces expériences. On ne leur a pas donné de leçon pour apprendre à parler ou à marcher.
A 4 ans, 6 ans, 9 ans, on doit leur offrir les mêmes conditions : de l’amour, les intégrer à notre vie d’adulte, répondre à leurs demandes sans les sur stimuler, leur parler, les rassurer quand ils sont stressés, les laisser explorer et respecter leurs rythmes et leurs besoins physiologiques.
La nature pousse l’enfant à apprendre de la manière la plus puissante qui soit : en lui donnant envie de manière intrinsèque d’en savoir toujours plus. L’enthousiasme est l’engrais du cerveau.

Pour revenir à l’apprentissage de la lecture (entre 3 et 8 ans). Il suffit juste de donner les correspondances lettres-sons à l’enfant, puis de le laisser explorer le décodage spontanément en s’amusant. Quand ça sera le bon moment pour lui, il aura envie de décoder les mots pour comprendre le message qui se cache derrière.

Il est plus que temps d’apporter toutes ces connaissances aux futures professeurs des écoles et aux professeurs des écoles déjà en poste.
Maria Montessori, Edouard Séguin, Jean Itard, Célestin Freinet bien d’autres ont découvert tout ça dès les années 1800. Pourquoi deux siècles plus tard, on ne s’inspire pas plus de ces pédagogues?
Ils avaient compris les lois naturelles de l’enfant. A nous de nous les ré approprier.